L'intégration des élèves allophones
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Le programme d’intégration linguistique, scolaire et sociale (ILSS) prépare l’élève immigrant à poursuivre sa scolarité en français dans la classe ordinaire en précisant les apprentissages essentiels devant lui permettre :
d’acquérir le plus rapidement possible une connaissance de la langue de la communication interpersonnelle et des formes spécifiques du discours scolaire;
de comprendre la culture scolaire et sociale de son nouveau milieu et de développer des conduites et des attitudes appropriées pour s’y intégrer harmonieusement.
Ces compétences sont donc développées lorsque l'élève est dans une classe de francisation. Par contre, des chercheurs ont démontré depuis longtemps que la maîtrise de la langue de la communication interpersonnelle exige de un à deux ans et celle de la langue de scolarisation, qui est plus abstraite et décontextualisée, de cinq à sept ans. Ainsi, l'élève développe rapidement la langue de communication lorsqu'il est en classe de francisation. Toutefois, pour pouvoir développer la langue de scolarisation, il doit être placé dans un contexte réel. C'est pourquoi il est souhaitable qu'après son passage en classe de francisation, l'élève intègre rapidement la classe ordinaire. (Source : Programme ILSS, secondaire)
Les tableaux suivants expliquent bien la différence entre la langue de communication et la langue de scolarisation :
Il est donc important d’adapter l’enseignement aux caractéristiques et aux besoins des élèves. En effet, l’apprentissage d’une langue seconde est un processus long et complexe.
L’élève immigrant nouvellement arrivé n’a pas accès au système de références culturelles propres à la société québécoise. L’adolescence est une période importante dans la structuration de l’identité. Elle l’est d’autant plus pour l’élève immigrant, qui doit trouver un équilibre entre les visions parfois contradictoires de sa culture d’origine et de celle de son pays d’accueil. Il peut se sentir dépossédé à la fois de sa culture et de sa langue et, par le fait même, des moyens dont il disposait pour appréhender la réalité et pour s’exprimer dans différents contextes. Certains élèves peuvent aussi éprouver des problèmes qui résultent de traumatismes affectifs vécus antérieurement.
Parmi les facteurs qui influent sur l’aisance de l’élève immigrant à apprendre le français, signalons notamment le degré d’éloignement des langues. Si l’alphabet, la prononciation et la grammaire dans la langue d’origine de l’élève sont très éloignés de ceux du français, il est possible que les apprentissages langagiers soient plus exigeants pour cet élève que pour celui dont la langue d’origine est apparentée au français.
Un autre facteur ayant des incidences sur l’apprentissage du français est le retard scolaire important que peuvent accuser certains élèves. Ces élèves, doivent non seulement apprendre une nouvelle langue, mais il leur faut en outre combler leur retard. Par ailleurs, les valeurs de la communauté d’accueil peuvent parfois être une source d’étonnement et même d’embarras pour l’élève nouvellement arrivé, par exemple lorsqu’elles touchent le code de politesse ou encore la conception du rôle d’autorité des adultes et des enseignants. Dans un même ordre d’idées, la démarche pédagogique que privilégie l’école québécoise et qui est centrée sur l’initiative et l’autonomie peut entraîner des difficultés pour un élève habitué à écouter, à répéter et à mémoriser.
Les enseignants et les autres membres du personnel scolaire aident quotidiennement l’élève immigrant à relever ces défis. Ils doivent aussi chercher, dans la mesure du possible, la collaboration des parents, qui jouent un rôle important dans l’accompagnement de leur enfant vers la réussite scolaire.
(Source : Programme ILSS, secondaire)
Une responsabilité collective
Bien que l’enseignant du service d’accueil et de soutien à l’apprentissage du français soit en première ligne et que son rôle auprès de l’élève récemment arrivé soit primordial, il n’a pas la responsabilité exclusive de l’intégration de cet élève. Il s’agit en effet d’un processus à la fois long et complexe qui requiert la contribution de tous ceux qui sont directement ou indirectement liés à l’élève. La Politique d’intégration scolaire et d’éducation interculturelle précise à cet effet que «la responsabilité de l’intégration des élèves nouvellement arrivés au Québec incombe à l’ensemble du personnel de chaque établissement d’enseignement».
La classe doit rapidement devenir pour l’élève immigrant un milieu familier et sécurisant où il se sent à l’aise pour s’exprimer, agir et prendre des risques. Aussi l’enseignant aura-t-il le souci d’y instaurer un climat d’ouverture et de confiance qui favorise l’apprentissage et facilite l’adaptation de l’élève à son nouveau contexte scolaire.
L’enseignant veillera aussi à valoriser la culture de l’élève immigrant, faisant ainsi de la classe un lieu de prise de conscience et de respect de la diversité culturelle, où chacun pourra s’ouvrir à la culture des autres tout en conservant un sentiment positif à l’égard de la sienne.
(Source : Programme ILSS, secondaire)
L'importance de la différenciation pédagogique
Caractérisés par une grande hétérogénéité tant en ce qui a trait à leur scolarisation antérieure qu’à leur langue d’origine, les élèves qui sont en apprentissage du français doivent avoir la possibilité de progresser à leur rythme. Aussi est-il important de leur proposer une variété de situations d’apprentissage qui présentent des défis communs, tout en laissant place à différents modes de réalisation. L’enseignant doit être en mesure d’adapter son enseignement au niveau et au rythme d’apprentissage de chacun en différenciant les dispositifs pédagogiques.
Il peut, à cette fin, varier l’aménagement de la classe en créant des îlots qui facilitent les apprentissages guidés ou les apprentissages en autonomie progressive. Il peut alterner les types de supports à l’enseignement (ex. visuels, sonores), ce qui permet d’aborder les contenus de formation selon des angles différents. Il peut également diversifier les paramètres de la situation d’apprentissage et d’évaluation que sont la complexité de la tâche, le temps imparti, les modalités d’évaluation ou le mode de réalisation des tâches (individuellement, en équipe ou en coopération). En pratiquant la différenciation, l’enseignant rejoint l’élève dans ses façons d’apprendre et soutient sa motivation à apprendre. (Source : Programme ILSS, secondaire)
De plus, la motivation et l'engagement viennent de pair avec l'utilité de la tâche, le contrôle qu'on a sur la tâche et le sentiment de compétence. Devant un élève peu engagé dans une tâche de lecture et d'écriture, il y a lieu de se demander qu'est-ce qui se cache derrière ce manque de motivation. Les deux documents ci-haut offrent un éventail de pistes pour questionner, identifier, engager et motiver les élèves. (https://sites.google.com/ggl.csmb.qc.ca/ilss-au-secondaire/planification/%C3%A9l%C3%A8ve-en-difficult%C3%A9)
L'image suivante résume les différents axes qui peuvent être différenciés.
Ces deux documents, produits par le Ministère de l'Éducation, expliquent plus en détail en quoi consiste la différenciation pédagogique. Le 2e document donne des exemples, selon les matières d'éléments qui peuvent être différenciés.
Principes clés pour favoriser l'apprentissage d'une langue seconde
Ce Genially, fait par des conseillères pédagogiques du CSS de Montréal, explique bien les concepts de base pour favoriser l'apprentissage d'une langue seconde. L'intégration d'un élève immigrant est la responsabilité de tous les intervenants.
Pratiques gagnantes
Légitimer le bagage linguistique et culturel de l'enfant
Ressources variées pour en savoir plus sur l'intégration des élèves allophones en classe ordinaire
Midi conférence : 5 gestes simple pour soutenir les élèves immigrants en classe ordinaire
Midi conférence offert par la DILÉI, donné par Josée Charette, professeur à l'Université du Québec à Montréal
(environ 45 minutes)
Midi conférence : Déployer des pratiques équitables envers les élèves issus de l'immigration considérés en difficultés
Midi conférence offert par la DILÉI, donné par Corina Borri-Anadon, professeur à l'Université du Québec à Trois-Rivières
(environ 30 minutes)
Outils d'aide à la réflexion pour déterminer le besoin de l'élève
Ce document du CSS de Montréal peut vous aider à déterminer si l'élève est en difficulté ou s'il est simplement en apprentissage de la langue.